3 livres à apprécier sous le parasol

C’est l’été. C’est le moment de s’autoriser de longue heures de lecture. Voici mes 3 livres fétiches du moment. Les 2 premiers je te les ai déjà présentés une fois ou l’autre, mais je les aime vraiment beaucoup! Le dernier je l’ai reçu pour mon anniversaire et je l’ai lu d’une traite… sur le transat au bord de la piscine!

Bon plan

Si tu n’as pas envie d’acheter ces livres (ou que tu les as déjà lu…), n’hésite pas à aller faire un tour dans la bibliothèque la plus proche de chez toi, tu y trouveras surement quelques livres japonais à ton goût.

Interminablement la pluie

Nagai Kafû

Lors, plus que le vent et plus que la lune, et plus que le chant des insectes, il n’est sans doute pour celui qui vit seul rien d’aussi douloureux que la pluie. […]

“Ainsi, quand la pluie frappe les fenêtres. coule le long de l’auvent, dégoutte sur les arbres et lave les bambous, son écho l’emporte, pour émouvoir le cœur des hommes, sur le vent qui crie dans les arbres et sur l’onde qui suffoque dans les précipices. La voix du vent est voix de courroux, la voix de l’onde est de sanglots. Mais la voix de la pluie ne se courrouce ni se lamente; simplement elle se raconte et elle se confie. Depuis mille générations, le cœur humain reste le même, et qui donc, par une nuit solitaire, en écoutant de son oreiller le son de cette voix, ne se sentirait envahir par la mélancolie? […]” *

Un des premiers auteurs japonais que j’ai lu et qui a radicalement influencé mon amour pour le Japon. Un retour sur ce Japon d’Edo à travers le regard d’un passant nostalgique qui peine à accepter le nouvel air de la Restauration de Meiji et qui préfère discuter poésie et solitude.

Viens flâner dans les ruelles avec Kafû et respirer l’air d’un temps révolu, qui n’existe plus que dans les livres…

L’amour, la mort et les vagues

Yasushi Inoue

“Ah, ce coin a l’air parfait!” pensa Sugi en arrêtant son regard sur un endroit, tout à fait à gauche de la grande falaise. Il y avait là des pins au-dessus desquels voletaient quatre ou cinq petits oiseaux de mer dont il ne connaissait pas le nom. Brusquement, ils repliaient leurs ailes et le laissaient tomber en ligne droite une dizaine de fois. Comme ils piquaient en plein sur les rochers, on pouvait croire qu’ils allaient s’y fracasser, mais ils faisaient volte-face, remontaient en décrivant un arc de cercle, puis plongeaient en vrille un peu au large de la bande d’écume.

“Vraiment idéal!” pensa Sugi. C’était la première fois qu’il se réjouissait d’avoir trouvé un endroit convenable pour se donner la mort; soulagé, il se mit à fumer.**

Juste incroyable! Tout l’art de Yasushi INOUE dans ces trois nouvelles toutes aussi surprenantes les unes que les autres. Trois histoires d’amour un peu étranges, un peu à côté, un peu pas comme on les imagine dans les romans… Tu seras à la fois charmé.e, intrigué.e, et bien sûr surpris.e par la chute de chacune de ces histoires où la vie aura finalement toujours le dernier mot.

La bibliothèque des rêves secrets

Michiko Aoyama

“Sirotant le café qui m’avait été servi, j’ai attrapé un livre en exposition. L’employée était retournée à la caisse. Je me suis dit qu’un moment de détente ici en compagnie des chats me suffisait : je pouvais rentrer chez moi.

Le chat, muni d’un collier orange, qui dormait tout à l’heure sur le coussin, a bondi sans un bruit. Il s’est aussitôt assis, agitant la queue. Nos regards se sont croisés.

“Tu es venu exprès pour savoir ce qui se trouve au-delà du rêve, non?”

L’impression qu’il me parlait m’a bouleversé.”***

Un livre doux, chaleureux, précieux. Un roman qui donne au livre un pouvoir magique, celui de changer le cours de sa vie. A travers le point de vue de 5 personnes aussi différentes qu’attachantes, nous est offert un tableau vivant de la vie au Japon, entre pression sociale, travail, vie de famille et des choix que chacun doit faire à un moment ou un autre afin de privilégier son bonheur ou sa carrière. Loin d’être lourd ou déprimant, l’accent est plutôt mis sur la surprise qui nous attend tous au détour du chemin, quand soudain un passage inattendu s’ouvre sous nos pieds. Une découverte !

As-tu déjà lu ces livres? Est-ce que toi aussi tu as des livres japonais fétiches?

Au plaisir de lire tes commentaires !

………….

* KAFÛ Nagai, Interminablement la pluie, éd. Picquier, Paris, 1994, p.52-53.

** INOUE Yasushi, La mort, l’amour et les vagues, éd. Philippe Picquier, Paris, p. 11.

*** AOYAMA Michiko, La bibliothèque des rêves secrets, éd. Nami, Paris, 2022, p.119.

Le Livre du mois – novembre 2022

Interminablement la pluie

KAFU Nagai

Lors, plus que le vent et plus que la lune, et plus que le chant des insectes, il n’est sans doute pour celui qui vit seul rien d’aussi douloureux que la pluie. […]

“Ainsi, quand la pluie frappe les fenêtres. coule le long de l’auvent, dégoutte sur les arbres et lave les bambous, son écho l’emporte, pour émouvoir le cœur des hommes, sur le vent qui crie dans les arbres et sur l’onde qui suffoque dans les précipices. La voix du vent est voix de courroux, la voix de l’onde est de sanglots. Mais la voix de la pluie ne se courrouce ni se lamente; simplement elle se raconte et elle se confie. Depuis mille générations, le cœur humain reste le même, et qui donc, par une nuit solitaire, en écoutant de son oreiller le son de cette voix, ne se sentirait envahir par la mélancolie? […]” *

Un des premiers auteurs japonais que j’ai lu et qui a radicalement influencé mon amour pour le Japon. Un retour sur ce Japon d’Edo à travers le regard d’un passant nostalgique qui peine à accepter le nouvel air de la Restauration de Meiji et qui préfère discuter poésie et solitude.

Viens flâner dans les ruelles avec Kafû et respirer l’air d’un temps révolu, qui n’existe plus que dans les livres…

Au plaisir de lire tes commentaires!

………….

* KAFÛ Nagai, “Interminablement la pluie,”, éd. Picquier, Paris, 1994, p.52-53.