Izumi Shikibu, poèmes de cour
YOSANO Fumi
つれづれと物思ひをれば春の日のめに立つ物は霞なりけり
tsuredzure to mono omohi woreba haru no hi nomeni tatsumono ha kasumi narikeri
Comme je passais mon temps en songeries
ce qui se présenta à mes yeux en cette journée
de printemps fut la brume *
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螢火は木の下草も暗からず五月の闇は名のみなりけり
keika ha ki no shitakusa mo kurakarazu gogatsu no yami ha na no minarikeri
Sous les feux des lucioles,
les sous-bois ne sont pas sombres
Les ténèbres de mai ne le sont que de nom. *
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朝風にけふおどるきて數ふれば一夜のほどに秋は来にけり
asakaze ni kefu odorukite sufureba ichiya no hodoni aki ha kinikeri
Surprise aujourd’hui par le vent du matin
je compte les jours
En une nuit, l’automne est arrivé *
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寝る人をおこすともなき埋み火を見つつはかなく明かす夜な夜な
neru hito wo okosu tomonaki uzumibi wo mitsutsu hakanaku akasu yonayona
Ces nuits et ces nuits
à attendre tristement l’aube
en regardant le feu enfoui sous la braise
sans réveiller celui qui dort *
…
Est-ce que tu connais la forme du tanka? Il s’agit de la forme poétique japonaise classique et est composé de 31 syllabes (5-7-5 / 7-7). Et oui, le 5-7-5 que l’on appelle hokku va amener à la forme du haikai (époque Edo 1603-1868) d’abord puis du haiku (ère Meiji 1868-1912) ensuite.
Dans ces tanka d’Izumi Shikibu, poétesse de cour à l’époque Heian (794-1185) on ressent une atmosphère teintée de nostalgie, d’attente, mais aussi une sourde tristesse qui nous entraînent dans un tourbillon d’émotions bien loin des jeux cocasses d’Issa ou du réalisme de Bashô.
Ici chaque expression fait référence à des images codées et définies à travers le temps et le langue poétique pour arriver à l’essence des sentiments humains dans leur subtil écho à la nature. Bonne découverte!
Au plaisir de lire tes commentaires!
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*YOSANO Fumi (traduit et présenté par), “Izumi Shikibu, poèmes de cour”, édition Orphée / La Différence, 1991.
Référence des poèmes cités :
- p.27
- p.29
- p.40
- p.41