Calendrier de l’Avent 2020 – 24 décembre 2020

Torii Kiyomitsu II 二代目 鳥居 清満, « Takarabune, le bateau du Trésor, sous la forme d’un homard, porte-bonheur des acteurs d’Ichikawa », 03-1832, Cabinet d’arts graphiques des Musées d’art et d’histoire, Genève, don Emilia Cuchet-Albaret.

Pour cette dernière porte du calendrier de l’Avent 2020, nous vous avons choisi une autre estampe japonaise représentant le « takarabune », le bateau du Trésor, qui dans le folklore japonais, est mené à travers les cieux par les sept dieux du bonheur pendant les trois premiers jours de l’an. Ici, ce thème est traité de manière particulière car il s’agit d’une planche annonçant le changement dans la dynastie d’acteur de kabuki de la famille Ichikawa. Ichikawa Danjuro VII (1791-1859) transmet son nom de scène à son fils de onze ans qui prend à son tour le nom de Dajuro VIII. Le bateau du Trésor, ici sous la forme d’un homard, porte-bonheur de la famille Ichikawa, transporte des éléments symboliquement forts : au centre, le « mon », le blason de la famille représenté par trois carrés les uns dans les autres, en haut à droite de ce « mon » le double poisson pour la chance et le corail pour la fortune, en bas à droite la tortue pour la longévité. On retrouve aussi en haut à gauche sous le poème deux chauves-souris stylisées également symbole de bonne fortune. Accompagnant la transmission du nom, cette œuvre est accompagnée de poèmes de la main du père et du fils. Le premier exprime ses vœux de succès et de bonne fortune à son fils et celui-ci répond par un poème exprimant sa volonté de faire honneur à sa famille en portant ce nom si célèbre dans le monde du théâtre kabuki. Que du bonheur donc, que nous voulions vous transmettre en cette fin d’année particulière et pour une fois de plus vous souhaiter le meilleur pour 2021 !

Calendrier de l’Avent 2020 – 23 décembre 2020

Anonyme, [Temple du dieu-Renard à Inari: estampe pour célébrer le Nouvel An] (Japon),  MAH Musée d’art et d’histoire, Ville de Genève.

En vue de la semaine prochaine, une œuvre pour vous souhaiter le meilleur pour 2021 avec une représentation du dieu Inari, divinité des renards, de la fertilité et du riz, entre autres. Ici nous sommes en présence d’une estampe imprimée par le temple Inari à l’occasion du Nouvel An. On y trouve le dieu Inari sous sa forme animale en habits de cérémonie performant une danse rituelle de purification, symbolisée par les accessoires utilisés : dans la main gauche un éventail et dans la main droite un « ônusa » ou « haraegushi » (baguette magique en bois utilisée dans les rituels shinto et couvert de bandelettes de papier en zigzag « shide »). Faute de pouvoir se rendre au Japon admirer le temple principal dédié à Inari, le célèbre Fushimi Inari Taisha à Kyôto, nous vous partageons ces quelques notes de couleurs dansées par un renard en nous souhaitant des temps meilleurs pour très bientôt…

Calendrier de l’Avent 2020 – 22 décembre 2020

Ferdinand Hodler, « Femme en extase », 1911, MAH Musée d’art et d’histoire, Ville de Genève. Achat, 1939.

On abandonne les paysages accueillants d’Hodler pour une représentation de personnage féminin où transitent les trois styles de l’artiste : réalisme, symbolisme et expressionnisme. Ici une femme en extase qui, loin des exemples mystiques liés à la religion et à l’ambiguïté subtile entre amour mystique et érotisme, donne libre court à un érotisme sublimé. Les teintes rouges de la robe ainsi que les fleurs qui entourent la figure accentuent ce lien à la passion et l’amour. Exprimant ses émotions grâce au mouvement de son corps, la danseuse italienne Giulia Leonardi, cette femme dansante au regard lointain, nous donne cette sensation d’intimité et de bien-être. Il faut bien sûr se remettre dans le contexte du début du XXe siècle où les femmes étaient engoncées dans des corsets et des règles sociales pesantes. Par contraste, cette extase féminine semble libre, entraînante et d’une douceur accueillante.

Calendrier de l’Avent 2020 – 21 décembre 2020

Félix Edouard Vallotton, « Les instruments de musique, planche 3 : Le Violon », 1896, MAH Musée d’art et d’histoire, Ville de Genève.

Voici encore une œuvre de Vallotton… Oui, je sais, mais quand un artiste peut nous emmener si loin à travers les différentes facettes de son œuvre, on en profite ! Aujourd’hui, une planche de sa célèbre série de xylographie consacrée aux instruments de musique, série qui marque un tournant dans son œuvre. Ici le degré de synthèse formelle des éléments représentés atteint des sommets. Le fauteuil à peine souligné par un trait de lumière, le violon presque invisible si ce n’était cet archet reflétant la lueur de l’âtre. Les éléments du décor ne sont là que pour satisfaire notre besoin d’être rassurés par un sentiment de familiarité, alors que le sujet même de l’œuvre est plongé dans l’ombre. Le sentiment pesant qui émane de toute cette noirceur est contrebalancé par la chaleur du feu de cheminée qui met en évidence le jeu du musicien, nous rappelant l’élément essentiel et manquant de l’image : le son du violon, qui ne reste qu’à notre imagination de restituer. Si vous aimez ce style d’impression, nous vous invitons à découvrir les autres planches de cette série directement sur le site web du MAH et de leur magnifique catalogue en ligne : https://collections.geneve.ch/mah/ En un mot, allons au musée via leur catalogue en ligne en attendant de pouvoir y retourner sereinement physiquement.

Calendrier de l’Avent 2020 – 20 décembre 2020

Arthur Calame, « Soleil couchant à Vevey », 1885 ?; avant 1885 ?, Ville de Genève, Musées d’art et d’histoire.

Troisième fils du célèbre peintre suisse Alexandre Calame, Arthur Calame (1843-1919) a étudié la peinture avec son père avant de partir à Düsseldorf puis en Italie d’où il remmènera de nombreux paysages.Dans « Soleil couchant à Vevey », le traitement particulier de la lumière donne à l’œuvre sa dimension émotionnelle et nous rappelle les œuvres des romantiques. Ici la nature est comme sublimée, on lui donne la parole et elle se pare de ses plus beaux atours pour séduire le peintre avant tout, et les visiteurs du musée aujourd’hui ! D’un gris bleuté aux reflets cuivrés d’une fin de journée, le ciel et le lac d’une même tranquillité, accueillent cygnes et nuages dans leur douceur ouatée. Redécouvrons les peintres et les paysages suisses, ils valent le détour !

Calendrier de l’Avent 2020 – 19 décembre 2020

Utagawa Hiroshige II (Shigenobu), « Le sanctuaire Yushima Tenjin », 09-1862, MAH Musée d’art et d’histoire, Ville de Genève.

Voici une des planches de la série « Trente-six vues des paysages de la capitale de l’est » ( 東都三十六景 Tôto sanjûroku kei), représentant le sanctuaire de Yushima (湯しま天神 Yushima Tenjin) réalisée par Utagawa Hiroshige II. Selon la tradition au sein des écoles de peinture, Shigenobu (son nom d’apprenti) hérite du nom « Hiroshige II » à la mort de son maître en 1858. Étant le plus doués des disciples de Hiroshige I, leurs styles sont tellement similaires que les experts confondent souvent leurs œuvres. Ici on retrouve les éléments qui ont fait le renom de Hiroshige I : les effets de profondeur et l’utilisation de dégradé « bokashi » (dégradé de couleurs en couches plus ou moins chargée de pigments appliquées sur un papier humide). On retrouve également l’utilisation du mica, ce minerai utilisé pour créer ce gris profond et légèrement brillant, idéal pour représenter le ciel sombre d’une journée de neige.

Calendrier de l’Avent 2020 – 18 décembre 2020

Théodore Douzon, « Soleil d’hiver », 1898 ?, avant 1898 ?, MAH Musée d’art et d’histoire, Ville de Genève, Achat, 1898.

L’hiver a quand même ses bons côtés, comme un paysage de neige dont les tons presque monochromes sont rythmés par un soupçon de soleil, à peine suggéré. Théodore Douzon (1829-1914), peintre et graveur spécialisé dans le paysage, est actif à Genève dès 1853. Le MAH possède trois toiles de cet artiste : « Brouillard d’hiver », « Le petit Salève » et l’œuvre que nous vous présentons ici. Le point commun de ces toiles reste une perception accrue de la nature et un traitement subtil de la lumière. Dans « Soleil d’hiver », l’atmosphère lourde et opaque de nos journées d’hiver est extrêmement bien rendue, le titre mettant l’accent sur l’élément quasi absent, le soleil, dont seul l’ombre des arbres au premier plan révèle sa présence. A quand les chemins enneigés ?

Calendrier de l’Avent 2020 – 17 décembre 2020

Ferdinand Hodler, « Paysage printanier avec arbres en fleur », vers 1895, Ville de Genève, Musées d’art et d’histoire.

Nous restons avec un de nos artistes suisses préférés et un paysage printanier pour sortir de cette grisaille de décembre. Hodler cristallise toutes les nuances et les émotions d’un printemps ensoleillé dans ce paysage où se dressent deux arbres qui semblent se tenir par la main. Au premier plan, un parterre d’herbes et de fleurs et en fond un lac à peine visible avec seulement l’ombre d’une berge montagneuse au loin, perdu dans le bleu du ciel. Renouveau de la nature, renouveau de la vie, le printemps est la saison par excellence où la nature nous éblouit de sa beauté : ses différents tons de vert, sa multitude de fleurs, ses branches qui soudain se revêtent de bourgeons pimpants. Après la pluie, le beau temps et après l’hiver, le printemps… accrochons-nous !

Calendrier de l’Avent 2020 – 16 décembre 2020

Félix Edouard Vallotton , « Le Mont-Rose », 1892, MAH Mu-sée d’art et d’histoire, Ville de Genève. Legs Irène et Vassily Photiadès, 1977.

On reste avec Vallotton mais on fait un bon de 20 ans en arrière avec cette xylographie sur papier Japon. On retrouve sur cette planche l’influence des estampes japonaises: l’épuration des lignes, la force du trait, le contraste des ombres qui seul va donner du volume aux rochers. Cette idée aussi que par quelques lignes suggérant des bancs de nuages Vallotton suggère également une certaine distance entre le premier et le second plan, distance toute conventionnelle. J’aime beaucoup le côté déstabilisant que le titre nous procure découvrant l’œuvre… ou l’inverse ! Dans cette composition presque surexposée avec ces blancs très purs, éblouissants, et ces noirs denses et profonds bien que parcimonieux, la mention de ce « Mont Rose », nom de la montagne nous procure un sentiment de surprise. Rappelons que ce nom vient du patois valdôtain rouésa qui signifie « glacier ». Rien à voir donc avec la couleur rose si ce n’est nous faire rêver un peu. J’aime aller au musée pour découvrir des œuvres qui nous surprennent et nous emmène plus loin que ce à quoi on s’attendait… Rendez-vous au musée en 2021 ??!

Calendrier de l’Avent 2020 – 15 décembre 2020

Félix Edouard Vallotton, « Chemin ensoleillé à Honfleur », vers 1910, MAH Musée d’art et d’histoire, Ville de Genève. Achat, 1971.

On quitte les monts enneigés un instant pour se réchauffer au soleil de Vallotton. Entouré d’une végétation luxuriante on entendrait presque les oiseaux chanter tellement le rendu émotionnel dans cette toile est fort. Son rêve était de peindre des paysages qui ne seraient pas en proie à des rapports soumis aux convenances ou au dictat de l’analyse précise de la lumière. Il voulait représenter la nature selon les émotions qu’elle lui procurait, des lignes, des couleurs, quelques détails…Il découvre Honfleur et sa région en 1902 et y peindra des paysages, des intérieurs et des portraits qui sont exposés aujourd’hui dans de nombreux musées suisses et étrangers. On pense à « Vases de Honfleur » (1917) au Musée des Beaux-Arts de Lausanne, à « Vue de Honfleur » (1910) au Kunstmuseum Winterthur ou encore à « Effet de brume, Honfleur » (1917) collection particulière. Ces œuvres se caractérisent par un traitement de l’espace particulier et des contrastes colorés intenses qui transmettent plus un état d’esprit, allant de la joie à la mélancolie, qu’à une simple représentation de la nature.