Voici une petite vidéo décontractée en cette fin d’année pour te partager mes go to dès qu’il s’agit de livres autour du haiku.
Si tu me suis depuis un moment, certains ouvrages ne te surprendront pas… pour les autres c’est cadeau!
Je précise que dans le domaine des livres sur le thème du haiku il y en a pour tous les goûts et ici je te partage mes coups de cœur ainsi que les atouts et les inconvénients de chaque édition à mon sens.
Personnellement, je suis assez critique car j’écris des haiku, donc au-delà du plaisir de la lecture ce sont aussi des outils de travail. Dans la même idée, j’aime la langue japonaise (que je parle) donc pouvoir lire les haiku grâce à une transcription sans avoir besoin de chercher les kanji non simplifiés ou calligraphiés est un plus…
Bref, selon tes goûts et tes besoins, tu sauras trouver les ouvrages qui résonnent en toi… ou pas.
Si tu as déjà une bibliothèque personnelle full de livre sur le haiku, n’hésite pas à partager en commentaire ta liste de favoris. Et si tu est novice, vas te perdre dans les rayons de la bibliothèque côté littérature japonaise ou poésie ou encore dans ta librairie préférée et fais ta propre sélection!
J’ai hâte de découvrir tes goûts en matière d’édition poétique \\ (^ – ^) //
Bibliographie complète (par ordre d’apparition) :
CHENG Win fun & COLLET Hervé (trad. du japonais par), On se les gèle! haikus d’hiver, éditions Moundarren, 1990.
CHENG Win fun & COLLET Hervé (trad. du japonais par), Ah! le printemps, le printemps ah!, ah! le printemps, haikus de printemps, éditions Moundarren, 1991.
KERVERN Alain, Grand Almanach Poésie Japonais, éditions Folle Avoine, 1992. 5 volumes:
Livre I, Matin de neige, le Nouvel An
Livre II, Le réveil de la loutre, le printemps
Livre III, La tisserande et le bouvier, l’été
Livre IV, A l’ouest blanchit la lune, l’automne
Livre V, Le vent du nord, l’hiver
CHIPOT Dominique, KEMMOKU Makoto (trad. et prés. par), L’intégrale des haïkus: Bashô, seigneur ermite, éd. Points, 2014.
CHIPOT Dominique, KEMMOKU Makoto (trad. et prés. par), Anthologie, du rouge aux lèvres, Haijin japonaises, éd. La Table ronde, 2008.
Aujourd’hui je t’emmène avec moi sur les chemin de l’écriture poétique.
Dans ton sac tu auras besoin d’une gourde, de couleurs, d’une dose de bonne humeur, mais aussi ces 5 outils indispensables pour faire de cette expérience un moment exceptionnel.
Outil #1 : la nature
Il te suffit d’ouvrir les yeux pour observer la nature sous tous ses angles avec tous tes sens. La nature est une source d’inspiration poétique infinie à qui sait la regarder, spécialement quand on aborde l’écriture de haiku.
Unis ton cœur à ses battement s d’ailes et l’écriture ne sera que plus aisée.
Outil #2 : la lecture
Un ou deux livres de référence. Moi j’adore les recueils des éditions Moundarren qui répertorient les haiku des quatre saisons, mais qui présentent aussi différents auteurs avec la version originale des poèmes et leur traduction française.
J’aime aussi les anthologies proposées par Dominique Chipot et Makoto Kemmoku (éd. La Table ronde) ou encore le “Grand Almanach Poétique Japonais” (5 volumes) d’Alain Kervern aux éditions Folle Avoine. Une merveille.
Bref, accompagne-toi d’auteurs plus ou moins connus qui t’aideront à trouver l’inspiration si besoin.
Assis sur une pierre à lire tes haiku préférés à haute voix dans le silence de la forêt est aussi une expérience à tenter…
Outil #3 : un carnet dédié
Un joli carnet dédié à ton écriture de haiku. Rien de pire que de chercher un petit poème perdu entre deux prises de notes ou au dos de la liste de course… Choisi un joli carnet plus ou moins épais selon ta pratique.
Jusqu’à récemment j’utilisais différents carnets au fil de trouvailles inattendues, mais maintenant j’ai créé un format de carnet A5 ou A6 au design spécialement pensé pour l’écriture de haiku. C’est génial et tellement pratique : une page dédiée à la prise de note et une page dédiée au haiku final avec de la place pour un dessin, une fleur séchée ou autre trésor déniché au fil de ce temps pour toi.
Outil #4 : un répertoire de mots de saison
Le site saijiki en français proposé par Seegan MABESOONE qui regroupe de nombreux kigo classés selon les saison. Ce site te permet de découvrir de jolis mots de saison (couleurs de montagne, la montagne rit, les eaux limpides, etc.) et de t’inspirer quand tu es en panne.
C’est un très bon moyen de commencer quand on ne se sent pas tout à fait dans le coup. Choisis un kigo qui te parle et écris.
Outil #5 : un dictionnaire
N’oublie pas de prendre ton dictionnaire ! Papier ou numérique, les dictionnaires de synonymes ou de scrabble te permettront de trouver le mot juste tout en préservant le nombre de syllabes.
Le mot de césure ou kireji (son rôle et son utilisation) reste un point particulièrement ardu de l’écriture de haiku. Simplement parce qu’on le résume souvent à “une pause” ou “une respiration”. Le mot de césure est tellement plus que ça.
Quelques fausses croyances…
La césure n’est pas une pause.
La césure n’est pas une respiration.
La césure n’est pas “un truc” qu’on peut ignorer (parce qu’on sait pas à quoi ça sert…).
… et nouvelles conceptions
La césure est un MOT de césure. Ça donne déjà du corps à la chose. C’est un mot, il a un rôle, une place dans la phrase et peut être agencé selon les besoins.
Le mot de césure donne une nuance émotionnelle (forte) au poème.
Le mot de césure donne de la profondeur au poème.
Concrètement ça donne quoi ?
Césure en japonais
Émotions
Équivalence en français ?
ya
surprise, étonnement, admiration invite le lecteur à la réflexion (celle qui se rapproche le plus de la fameuse “pause”)
ainsi, peut-être, ici on jouera sur les associations de mots inhabituels
kana
emphase, admiration
quel/quelle choisi un adjectif au superlatif ou incitant l’emphase oh ! ah ! (à utiliser avec parcimonie)
keri
prise de conscience face à une scène passée, nostalgie
enfin, voilà, alors, hélas
ka
question
jouer sur l’inversion sujet/verbe, questionner le lecteur sur sa perception des choses ou de la scène proposée, mots interrogatifs
Quelques exemples
ya – étonnement
Souvent en fin de ligne 2, laisse un espace et surprend le lecteur avec une chute en ligne 3.
bourgeon d’automne
la vieille dame attend
son dernier éclat
kana – emphase
pluies diluviennes
la montagne en silence
a pris des couleurs
keri – prise de conscience, nostalgie
sur ma joue enfin
plus de sombres regrets mais
le baiser du vent
ka – question
sais-tu l’entendre ?
la voix du chrysanthème
dans le vieux jardin
# Astuce #
Pour t’aider à sentir ces nuances et la variété des possibles que les mots de césure peuvent amener dans tes haiku, trouve une édition bilingue des poèmes de ton auteur japonais préféré et analyse les poèmes. En japonais, quel mot de césure est utilisé? Comment est-ce que le traducteur a choisi de le transcrire? etc. Plus tu te poses de questions et plus tu vas commencer à faire des choix conscients dans ton écriture de haiku.
…
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Le choix du kigo est fondamental pour transmettre à ton lecteur le cadre dans lequel tu souhaites qu’il se balade. Un kigo se doit d’être efficace et certains mots laisseront plus de place à l’évasion imaginaire de ton lecteur.
Aujourd’hui je te propose de te pencher sur les feuilles mortes avec un poème de Masaoka Shiki. Ce kigo est riche et versatile car il évoque à lui seul différentes dimensions sensorielles : auditive, olfactive, visuelle ou encore temporelle.
Au niveau de la forme, qu’est-ce qu’on cherche?
5-7-5 syllabes
1 kigo
1 césure
L’analyse en image :
5-7-5 syllabes
Ici on a un bel exemple de non-respect du compte des syllabes dans la traduction française. Pourquoi ? Parce que la priorité est mise sur le sens du poème.
Les traducteurs auraient pu ajouter des fioritures pour combler le nombre de syllabes, mais le haiku aurait perdu de sa force. Il est très difficile de traduire un haiku en respectant à la fois sa forme et son sens, sans en faire trop, sans expliquer tout en restant léger…
Littéralement on aurait pu mettre venues d’ailleurs en volant, car tondekuru signifie “venir en volant”.
Est-ce nécessaire ?
La réponse est non.
On cherche la légèreté ! Le travail du lecteur est justement d’imaginer le chemin de ces feuilles venues là. Par association d’idée (une feuille ne rampe pas, ne croule pas, etc.), l’image est claire sans pour autant avoir besoin de mentionner chaque détail au risque d’empâter le poème inutilement.
Le kigo
Ici on pourrait argumenter qu’il y a deux kigo : fin de l’automne (kureru aki) et les feuilles mortes (rakuyô).
Dans ce cas, le kigo principal est fin de l’automne. C’est un kigo assez large, n’est-ce pas? Donc pour préciser sa pensée et évoquer un sentiment plus clair, Shiki pointe ce qu’il veut que l’on regarde, à savoir les feuilles mortes.
La fin de l’automne voit les feuilles ayant pris des couleurs de feu et de flamme (au début de l’automne) sombrer dans les ocres et s’éteindre peu à peu. D’ailleurs, la césure joue son rôle à merveille !
Notons que le verbe kureru est intéressant car il signifie “faire sombre”. Il est par exemple utilisé pour dire “le jour tombe” (hi ga kureru) ou “l’année touche à sa fin” (toshi ga kureru). On a donc clairement cette notion de fin, mais aussi cette notion luminosité qui s’estompe, de jour qui raccourcissent, de saison qui avance vers l’hiver… Le choix des mots est fondamental !
La césure (kireji)
Ici le mot de césure en japonais est ya. Comme la plupart des mots de césure, une traduction directe en français est impossible… mais il vient mettre l’accent sur le mot qu’il précède, ici rakuyô, et lui donne une nuance émotive liée à l’admiration ou l’exclamation. En français, les traducteurs ont choisis de placer ce mot, les feuilles mortes, en première ligne, pour nous signifier son importance.
Notons qu rakuyô signifie littéralement la défoliation ou la chute des feuilles (mortes). On a déjà une dimension en plus que simplement les feuilles mortes. L’accent est mis sur la “vie” de la feuille plus que sur sa mort. Cet aspect est accentué encore par la deuxième ligne : venues d’ailleurs. Le jeu sur l’association incongrue entre les feuilles mortes et l’action de venir, qui implique un mouvement, une vie, donne toute sa force à ce haiku.
On comprends mieux pourquoi cette deuxième allusion à l’automne est en réalité utile : elle donne du mouvement, de la vie à l’ensemble.*
Si on se rappelle encore que Shiki, atteint d’une tuberculeuse osseuse, passera beaucoup de temps alité, avec pour seule distraction la vue sur son jardin, ce haiku revêt encore une autre dimension. La vue des feuilles mortes, dansant dans le vent, devient un véritable spectacle. Leur venue mystérieuse incite le poète à se demander d’où elles viennent avant de simplement se perdre dans la contemplation des couleurs et éventuellement se souvenir que la fin de l’automne est déjà là, annonçant également que la saison morte (l’hiver) n’est pas loin. Tout comme le poète se rappelle sans cesse que sa propre mort n’est probablement pas loin non plus…
Alors…
Qu’est-ce que tu en dis ? Est-ce que ce genre d’analyse poussée t’aide, te questionne, te confond en perplexité ? N’hésite pas à partager tes ressentis avec moi en commentaire de cet article.
… … …
* Quand je te donne des conseils sur l’écriture de haiku, je commence toujours par dire “évite les répétitions de kigo”… Ici je vais nuancer un peu.
Comme on l’a vu avec Shiki, si on sait ce qu’on fait et que la répétition de l’évocation de la saison fait sens et donne de la force au poème, alors il n’y a pas de problème! A l’inverse, souvent lorsque l’on débute dans l’écriture de haiku, on a tendance à décrire ce qu’on voit, un sentiment, etc. Dans ce cas là, ajouter plus d’un kigo n’est souvent pas voulu ou maladroit.
Il s’agit donc de faire un pas de plus dans la construction de ton haiku en réfléchissant à la place, au rôle de chaque mot dans ton poème. Est-ce que chaque élément est pertinent? Est-ce que les images évoquées sont claires ? Est-ce qu’il y a peut-être trop d’évocations différentes qui pourraient perdre le lecteur?
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Pour t’aider à toujours mieux comprendre comment fonctionne un haiku pour au final réussir à mettre plus de légèreté et plus d’émotions dans tes poèmes, je lance cette série “Haiku décortiqué”.
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(C) Le Japon avec Andrea, 2022, tous droits réservés.
Le Kukai de mai 2022 vient de se terminer et j’avais envie de te partager plus en détails ce qu’est un Kukai pour, peut-être, te donner envie de participer au prochain!
句会 ou くかい
Littéralement : ku de haiku et kai la réunion, soit une réunion où on écrit des haiku!
En temps normal, les poètes se retrouvent dans un lieu calme et propice à la création, choisissent un thème en lien avec la saison du moment et écrivent des haiku.
En fin de rencontre, les haiku sont anonymisés, lus à voix haute à tour de rôle (chaque auteur ne lisant pas ses propres poèmes) et enfin soumis à un vote.
Chaque auteur a trois points qu’il peut donner à son gré.
Une fois les points attribués et le décompte fait, les noms des auteurs sont révélés et on choisit de créer ou non une anthologie / publication.
Lors de ces réunions poétiques, l’accent est mis sur l’échange et l’oralité du haiku, qui n’est plus simple fait de plume, mais prend à travers la voix qui le porte une aura profonde, pleine d’émotions et parfois surprenante aux oreilles de son auteur.
C’est cette expérience que je souhaite te transmettre à travers mes Kukai virtuel en ligne (gratuit). Malgré le fait que nous soyons éloigné géographiquement, le force poétique du haiku réside dans la nature qui nous entoure et ainsi un thème peut résonner de mille façons.
Pour savoir si un Kukai est en cours ou va bientôt commencer, rendez-vous sur campsite.bio/lejaponavecandrea et cherche “Inscription Kukai”.
Au plaisir de te lire et de partager la passion des mots avec toi !
Pour t’aider à comprendre la différence entre un haiku et un bon haiku, quoi de mieux qu’un bon avant/après où je te présente un de mes haiku écrit entre 2017 et 2020 et où je décortique chaque éléments pour essayer d’aller plus loin dans l’expression de l’émotion, sans tomber dans les clichés “carte-postale”, la répétition ou la lourdeur. C’est parti!
Alors, qu’est-ce que tu en dis? Est-ce que tu préfères la première ou la deuxième version?
Est-ce que toi aussi tu tombes parfois dans les travers de la répétition ou les clichés “carte-postale” pour faire joli? Ne t’inquiète pas, on le fait tous! Plus tu avances sur ton chemin d’écriture, plus tu lis les haiku des autres et plus tu partages les tiens et plus tu réussis à cerner tes difficultés, voir où sont les points qui te gènes et comment y remédier!
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