Quelques textes écrits lors de l’atelier du 17 février 2019 au MEG

Dimanche 17 février 2019

MEG

Francis Ponge: de choses et d’autres…

 

 

Le coffret eucharistique

Un petit meuble où ranger la beauté et l’excellence.
Tel un bijou ouvragé, tes reflets irisés soufflent un vent salé, prémices au sacrifice.
Des volutes enchevêtrées, un reste de communion: souvenirs du mollusque originel qui, intérieurement, forgeait, un éclat après l’autre, l’essence de ta parure.
La préciosité aménagée, révèle l’habileté d’une main ou la souplesse d’un couvercle.
Viens y ranger ton or, ta fantaisie ou les sacres d’un printemps éternel.

Andréa

Masques

Au soleil africain couchant. Je pénètre la hutte où le masque antilope-léopard me dévisage fièrement.
Il est frappant de beauté, les yeux maquillés rappellent les teintes de ses cornes pointues, de la savane. La gueule du léopard avec ses dents acérées contraste avec la douceur de l’antilope.
Que ne fut ma surprise le lendemain de me trouver face à un masque usé, creusé, aux teintes noircies. Ne subsistaient que des oreilles arrondies, la face mangée, plus de trace des yeux envoûtants, et une gueule édentée,posée sur un menton carré.
Que s’est-il passé cette nuit?

Maja

La pelle à crème

Merci à toi Georges Amoudruz d’avoir donné un semblant d’éternité à des objets essentiels pour leurs possédants et dérisoires pour tous les autres. Merci de leur avoir donné un abri, une connaissance, une dignité.
Petite pelle à crème festonnée dans les mains d’une aïeule, qui a échappé au massacre des objets ordinaires et qui nous survivra.

Isabelle

 

 

“Le cageot – A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie. Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu’il enferme. A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l’éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d’être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques – sur le sort duquel il convient toutefois de ne s’appesantir longuement.” Francis Ponge, Le parti pris des choses, 1942

“Le cageot

A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie.

Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu’il enferme.

A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l’éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d’être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques – sur le sort duquel il convient toutefois de ne s’appesantir longuement.”

 

Atelier d’écriture – Dimanche 17 février 2019, 14h30

MEG
Musée d’ethnographie de Genève
Boulevard Carl-Vogt 65
1205 Genève
25 CHF par personne (tarif unique, à payer sur place et en liquide).
Inscription obligatoire: desexposenfolie@yahoo.fr – 077 471 40 85
www.desexposenfolie.ch

 

 

Haiku écrits lors de l’atelier du 20 janvier

chemin de feuilles

sous le ciel sombre des arbres

éclat rouge du houx

 

parc à l’abandon

buis taillé et pierre moussue

bientôt la neige

 

je m’attarde un peu

le tilleul aux bras multiples

déchire le ciel

 

parmi les arbres nus

de rares boules très rouges t’égayent

petit houx tout vert

 

un matin d’hiver –

en vain cherche le soleil

l’arbre aux bras nus

Haïkus écrits lors de l’atelier du 1er juillet

Un grand merci à tous les participants qui ont fait de cet atelier un véritable moment de plaisir et de création enjouée! Voici leur poèmes:

Photo: Georges Didi-Huberman, Survivance des lucioles (Minuit, 2009)

Lucioles d’autrefois

Pour très longtemps disparues

Quand reviendrez-vous?

Glace fondante

J’aime ton parfum sucré

Plaisir de l’été

Rouge demi-lune

Fraîche sur mon assiette

Tranche de pastèque

A l’ombre du pin

Les vagues lèchent le sable

Pieds en éventail

Moiteur de l’été

Champs de blé et tournesol

qu’orages et vents couchent

Midi… soleil blanc!

Au crépuscule coloré

Le chant dans les champs

Fleurs de laurier roses

Dernier parfum du jasmin

Il fait encore frais

Un moineau s’égosille

Que ferais-je aujourd’hui?

(Tenka)